Histoire

Un signe de bonne Augure

Au 65 rue des Saints-Pères, un rendez-vous privilégié avec l'art et l'histoire. Dans l'écrin de l'édifice du 17e siècle, poussez la porte de la chambre 100 pour découvrir un trésor...


Il faut imaginer, au début des années 80, quels ne furent pas la stupeur et l'émerveillement du directeur de l'hôtel et de Christophe Paluel-Marmont, fondateur d'Esprit de France qui venait tout juste de faire l'acquisition du 65 rue des Saints-Pères.

Plafond Hôtel des Saints Pères

Le faux plafond de ce qui est désormais la chambre 100 de l'hôtel invitait certes à la curiosité pour qui connaissait l'histoire du lieu.
Celle d'un édifice construit en 1658 par Daniel Gittard, élève de Louis le Vau, ayant collaboré avec Jules Hardouin-Mansart, participant notamment à la construction de l'église Saint-Sulpice, du célèbre hôtel de Cavoye à quelques pas de là, mais aussi à la construction d'un hôtel particulier pour Jean-Baptiste Lully surintendant de la musique du roi, ou encore aux fondations et jardins de Vaux-le-Vicomte aux côtés de Le Nôtre. Comptant donc parmi les grands talents de l'époque et les faiseurs d'Histoires, nommé architecte du roi à seulement 30 ans, Gittard choisira la rue des Saints-Pères pour y édifier son propre hôtel particulier, dont il occupera le dernier étage, louant le reste de l'édifice. C'est au premier étage, occupé à l'époque par Pierre Abraham, seigneur de Charange et conseiller du roi, que fut découvert le trésor lors des travaux de ce qui deviendrait l'hôtel des Saints Pères.

" L'intelligence étoilée, éclaire le monde et dissipe la noirceur du ciel."

Junior Suite Signature - Hôtel des Saints Pères

Monumentale, intacte, car protégée durant des décennies par un faux plafond (seul son vernis a été nettoyé), la fresque de "Le Bon Augure couronné par la Vertu et l'Intelligence" déployait à nouveau au grand jour son allégorie de huit mètres sur cinq. L'intelligence, étoilée, éclairant le monde et dissipant la noirceur du ciel. S'il est difficile d'affirmer avec certitude le nom de son auteur tout comme celui du décor floral qui le borde (bien qu'on reconnaisse ici la touche de Jean-Baptiste Monnoyer oeuvrant lui aussi à la cour du roi) - la fresque est sans nul doute à attribuer à l'École de Versailles. Elle a d'ailleurs été reconnue comme l'unique véritable fresque subsistante Rive gauche, du 17e siècle, selon l'expertise de Pierre Rosenberg, ancien conservateur puis président-directeur du musée du Louvre. De bon augure, cette découverte a dicté non seulement le devenir de la pièce, mais aussi celle de l'hôtel, et de la collection Esprit de France - aujourd'hui onze Hôtels et une trentaine de Demeures -, tout entière tournée vers le rayonnement des arts et du patrimoine.

Article du 12/02/2024

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