Patrimoine

Notre-Dame de Paris : Mo(nu)ment de grâce

Du sacre de Napoléon 1er à la Libération de Paris, Notre-Dame fut le théâtre des plus grandes scènes du récit national. Le 15 avril 2019, elle en jouait tragiquement le premier rôle, rappelant au monde entier ce que signifie être un monument avec ce que cela comporte d’union, d’émotion et de mémoire. Une nouvelle étape de son roman s’écrit aujourd’hui alors que l’esprit d’union sacrée de son chantier a permis de tenir l’objectif d’une réouverture au public le 8 décembre 2024, en seulement cinq ans. Et aujourd’hui ? Il est venu le temps des prochains chapitres.


chantier Notre-Dame de Paris
©David Bordes

Rarement un chantier n’aura aussi bien porté le qualificatif de « monumental ». De ce dernier, on a beaucoup partagé les chiffres. Sans sensationnalisme mais parce que le fait est qu’ils font sensation. D’abord, ceux témoignant du défi calendaire, et de l’urgence sans empressement. Cinq ans, soit l’objectif fixé par le Président Emmanuel Macron dès le 16 avril 2019, « un cap, et un formidable facteur de mobilisation collective » selon Philippe Jost. Aux côtés du général Jean-Louis Georgelin dès 2019, il lui succèdera – au décès de ce dernier – à la tête de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du chantier de restauration. Une structure créée ad hoc, chargée notamment de recevoir les fonds de la souscription et de passer les marchés d’études et de travaux. Autres chiffres : 845 millions d’euros collectés auprès de 340 000 donateurs issus de 150 pays. Une dimension qui témoigne de la place de Notre-Dame dans l’imaginaire collectif, bien au-delà de sa dimension cultuelle.

 

Après une phase de sécurisation et de consolidation, s’amorçait officiellement, en 2021, la restauration. Là encore, des chiffres. 1500 par exemple ; soit le nombre de pièces de bois nécessaires à la reconstruction à l’identique de sa célèbre flèche. 20 kilomètres de poutres de chênes centenaires seront taillées par des charpentiers selon des techniques médiévales pour en reconstituer l’ancienne charpente, très justement nommée « la forêt ». Enfin, « un autre défi majeur fut la fermeture de la voûte à la croisée du transept. Une opération indispensable pour les étapes conduisant à la réouverture et qui a requis la taille millimétrée de 7 000 pierres par des maçons-tailleurs de pierre » ajoute Philippe Jost.

Notre-Dame de Paris, réouverture

©David Bordes

Autant de prouesses techniques et calendaires. Un challenge humain également, que Philippe Jost tient d’ailleurs comme le premier facteur ayant permis de tenir la promesse présidentielle. Depuis cinq ans, « Notre-Dame constitue une vitrine éclatante de la diversité et de l’excellence des savoir-faire des métiers d’art et du gros œuvre : près de 250 entreprises et ateliers d’art ont été impliqués dans la restauration de la cathédrale et près de 150 lots de travaux ont été attribués. Jusqu’à 700 compagnons, artisans d’art et encadrants ont œuvré simultanément, au quotidien, dans la cathédrale, et les effectifs s’élèvent à plus de 2 000, si on inclut le travail qui a été réalisé dans la France entière, en ateliers, depuis l’incendie. » Un laboratoire d’intelligence collective également, qui a vu se conjuguer les efforts des entreprises et ateliers d’ordinaire concurrents. Un grand ballet des gestes et des savoirs, promouvant auprès du grand public les métiers de facteur d’orgue, vitrailliste, doreur, charpentier, campaniste…

Un chantier visant à réparer les dégâts causés par l‘incendie et bien au-delà, puisqu’il fut l‘occasion de redonner leur éclat à plusieurs éléments sur lesquels le temps avait déjà fait son œuvre. Ainsi, bien qu’épargnés des flammes, 1000m² de vitraux du 19e siècle ont été restaurés, tout comme le gigantesque tapis de chœur ou les décors peints des chapelles.

De même que le chevet, situé à l’extrême-est de la cathédrale, épargné par les flammes, et dont la restauration était programmée avant l’incendie. Elle s’étendra jusqu’en 2028 et amorce ainsi la phase trois du chantier. « Il restera par la suite d’autres projets à mener : la sacristie, dont la couverture et les décors sculptés sont très endommagés, le presbytère, les façades des transepts et les trois grandes roses. Pour ces dernières des diagnostics sont en cours : remplages à consolider, vitraux à doubler, comme à la Sainte-Chapelle. Ces étapes pourraient prolonger les travaux jusqu’en 2030. » Pour ce faire, une nouvelle campagne de levée de fonds et de mécénat sera lancée afin de compléter les 845 millions d’euros collectés dont 140 millions sont aujourd’hui encore disponibles. Nul doute que l’esprit Notre-Dame sera toujours au rendez-vous.

Notre-Dame de Paris intérieur, réouverture

©David Bordes

Article du 10/09/2025

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