Cezanne chez lui

Celui qui est aujourd’hui considéré comme le père de l’art moderne et qui a inspiré Matisse, Picasso et jusqu’à Rothko, a eu des débuts difficiles qui ne préjugeaient pas de cette postérité. Refusé à l’examen d’entrée de l’École des Beaux-Arts, il sera écarté du Salon officiel de 1863, comme des suivants. Sa technique picturale est incomprise de la critique, du public et longtemps de ses pairs. L’artiste et collectionneur Henri Dobler dira de lui qu’il est «la plus grande escroquerie du siècle.»

Il n’y a pas d’accent sur le e de Cezanne, l’artiste lui-même n’en a jamais mis sur ses signatures et se serait même scandalisé de cet ajout. L’erreur reste pourtant fréquente, notamment pour faciliter la prononciation en français.

Dans la bastide familiale du Jas de Bouffan, le jeune Cezanne peignait directement sur les murs du salon, à même le plâtre. Après sa mort, ces fresques furent transférées sur toile avant d’intégrer les plus grands musées. En août 2023, des travaux de restauration révèlent une œuvre inédite de 5 à 6 m², longtemps dissimulée sous des couches de peinture.

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, huit œuvres de Cezanne disparaissent du musée du Pavillon Vendôme d’Aix-enProvence. Les voleurs, intrépides, escaladent la façade et s’introduisent par une fenêtre du premier étage. Durant 18 mois, leur bande sévira dans huit musées, galeries et collections privées. En avril 1962, le butin réapparaît, abandonné dans une voiture.

Cezanne rencontre Émile Zola sur les bancs du collège et entretiendra cette amitié pendant 40 ans. Mais les deux hommes auraient fini par se brouiller, lors de la publication de L’Œuvre, roman dans lequel Cezanne se reconnaît sous les traits peu flatteurs de Claude Lantier, un peintre raté et aigri.

Article issu du Magazine Esprit de France.

Couverture - © Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas, États-Unis