Art & Culture
Angelin Preljocaj, le geste de lumière
Présentée début avril au Théâtre de la Ville -Sarah Bernhardt à Paris et désormais en tournée, la nouvelle création d’Angelin Preljocaj joue la carte des contrastes en s’inscrivant en miroir de la pièce « Helikopter » créée en 2001, sur la musique tonitruante de Stockhausen. Intitulée « Licht », cette nouvelle création s’annonce comme une éclaircie, sur une musique originale de Laurent Garnier avec les 12 danseurs du Ballet Preljocaj qui fête cette année ses 40 ans.

Difficile d’imaginer une pièce pouvant tenir tête à « Helikopter ». Quel a été le fil de votre processus de création ?
La musique imaginée par Stockhausen, avec la partition extrêmement « sauvage » du Quatuor Arditti Helikopter crée en effet une masse sonore qui s’impose comme une chape de plomb tombant sur les danseurs. Je voulais après cette pièce de 30 minutes percer les nuages et faire entrer la lumière avec cette nouvelle création qui invite à aller vers ce qui nous lie, dans un élan d’apaisement. Elle s’intitule donc « Licht », soit lumière en allemand, comme un hommage rendu à Stockhausen ainsi qu’à l’esprit des Lumières.
Car la conjugaison entre ces deux créations doit se lire comme un message…
Oui, j’aborde le tout comme une métaphore : nous vivons dans une période sombre avec parfois beaucoup de nuages qui s’accumulent au-dessus de nos têtes mais je souhaitais apporter cette lueur d’espoir. Le point de bascule entre les deux pièces est à l’image de là où se situe notre civilisation et j’ai voulu une transition vers quelque chose de solaire, qui nous parle de lien, de relations humaines.
Comment cela se traduit-il chorégraphiquement ?
Assommée par l’expérience sonore des turbines et des violons, la danse d’Helikopter est une danse de résistance, de combat contre la chape obscure imposée par la musique. Avec Licht nous allons vers davantage de légèreté, le geste se déploie. Il nous parle des liens qui se tissent entre êtres humains et des valeurs morales prônées par les philosophes des Lumières et qui mériteraient d’être remises au centre : l’ouverture, la liberté…
Le public doit passer par toutes les émotions…
Oui, mais il sort par le haut !
Et pour cette sortie lumineuse vous avez fait appel à Laurent Garnier. Comment est venu ce choix ?
Avant-gardiste, Stockhausen a nourri la musique de nouveaux matériaux, de nouvelles textures et il est pour moi le grand-père de la musique électronique. Pour l’hommage que je lui rends, je souhaitais faire appel à l’un de ses petits-fils putatifs et je crois que Laurent Garnier en est l’un des héritiers directs. L’idée était de créer un dialogue entre les époques avec cette nouvelle composition qui par ses vibrations porte en elle un grand vent de liberté et d’inclusion… des valeurs que porte en elle la nouvelle génération.
© Yang WANG Photography - Licht, la nouvelle création d’Angelin Preljocaj, fait entrer la lumière et l’espoir après l’orageux Helikopter
Article issu du Magazine Esprit de France.
Couverture - © Yang WANG Photography
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Article du 12/09/2025





