
Culture
Sainte Barbe - de l'ombre du supplice au feu des traditions
Quand on pense aux mineurs, à Lens et au passé industriel de la région, la figure de Sainte Barbe vient immédiatement à l’esprit. Mais connaissons-nous vraiment ses origines, ce qu’elle symbolisait et ce qu’elle continue de représenter aujourd’hui ?
La légende remonte au IIIᵉ siècle, à Héliopolis, dans l’actuelle Turquie. Dioscore, riche païen et haut dignitaire de l’Empire romain, eut une fille, Barbara, d’une beauté incomparable. Homme autoritaire et jaloux, il aimait sa fille à l’excès et souhaitait la protéger de tout prétendant. Pour cela, il la fit enfermer dans une tour à deux fenêtres.
Lors d’un long voyage de son père, Barbara trouva la sérénité et s’ouvrit à l’esprit de Dieu, comblant ainsi sa solitude et son désarroi. N’adhérant plus aux croyances païennes de son père, elle prit contact avec Origène, un homme de science et de foi, qui, par l’intermédiaire de l’un de ses disciples, l’instruisit dans la religion chrétienne et la fit baptiser. En hommage à la Sainte Trinité, Barbara fit percer une troisième fenêtre dans sa tour, symbole de sa foi.
1- Barbara dit Sainte Barbe 2- Flagellation de Barbara par son père Dioscore 3- Dioscore foudroyé suite à l'assassinat sa fille ( images générées avec l'intelligence artificielle)
À son retour, Dioscore s’étonna de cette nouvelle ouverture et lui demanda des explications. Barbara lui avoua sa conversion. Furieux et pour la ramener dans le droit chemin, il tenta de la contraindre à un mariage arrangé. Elle refusa et s’enfuit dans la montagne, où, selon la légende, un rocher s’ouvrit pour lui offrir refuge. Mais dénoncée par des bergers, elle fut ramenée à sa tour. Refusant toujours d’abjurer sa foi, elle fut soumise aux pires tortures : flagellations, brûlures, mutilations, avant d’être décapitée par son propre père. Immédiatement, un châtiment céleste s’abattit sur Dioscore : la foudre le réduisit en cendres. Barbara devint ainsi la patronne des métiers liés au feu, notamment les mineurs, les pompiers et les artificiers.

Si la légende se déroule loin du Nord de la France, c’est pourtant ici, au cœur du pays minier, que Sainte Barbe a trouvé quelques-uns de ses plus fervents protecteurs.
À partir de la Troisième République, la dévotion à Sainte Barbe s’implanta. Les cérémonies traditionnelles comprenaient un office religieux, un repas et un bal en son honneur. À l’époque minière, le 4 décembre était chômé et payé. Une statue de Sainte Barbe, présente dans les galeries, était remontée et louée pendant toute la journée.
Aujourd’hui, la tradition perdure et se réinvente avec le Festival de la Sainte‑Barbe à Lens‑Liévin, organisé depuis 2018. En 2025, il se tiendra du 28 novembre au 7 décembre et proposera une programmation riche et diversifiée mêlant spectacles, concerts, expositions et animations autour du feu. À quelques minutes de l’hôtel Louvre-Lens, ces spectacles transforment le territoire en scène à ciel ouvert. Dès le début du festival, des expositions et installations artistiques permettront de découvrir la mémoire des corons et l’histoire de la Sainte‑Barbe.
Le 4 décembre, journée centrale de la fête, le chevalement de Liévin sera embrasé dans un spectacle pyrotechnique saisissant. Le lendemain, avenue Élie Reumaux à Lens, Oignies et Loos‑en‑Gohelle accueilleront des performances artistiques, des parades participatives, des concerts et des installations interactives, mettant en lumière l’art pyrotechnique et la créativité contemporaine. Le festival se clôturera le 7 décembre à Liévin par la procession de Sainte‑Barbe suivie d’un final spectaculaire sur les terrils et sites emblématiques de l’ancienne activité minière.
À travers ces animations, le festival relie le passé industriel et la mémoire des mineurs à la vitalité culturelle actuelle, offrant aux habitants et visiteurs une semaine de fête, de spectacles et de convivialité, tout en rendant hommage à la martyre qui inspira cette tradition.
© Florent Burton / © Hôtel Louvre-Lens
En parallèle des spectacles et animations, Le Galibot, restaurant de l’Hôtel Louvre-Lens proposera, les 29 novembre et 5 décembre, des repas exclusifs le midi et le soir. Le menu, soigneusement élaboré, mettra à l’honneur les recettes traditionnelles des corons et de la région minière, tout en plongeant les convives dans une atmosphère immersive célébrant la Sainte‑Barbe. Durant ces deux jours, les participants vivront une expérience unique, mêlant gastronomie, patrimoine et festivité, dans l’esprit des traditions minières.
Article du 13/11/2025







