Quel meilleur endroit pour exposer les œuvres d’un impressionniste que le Musée d’Orsay ? L’exposition actuelle crée le dialogue entre l’un des plus illustres, Pierre-Auguste Renoir, et son fils, Jean Renoir, entre la peinture de l’un et le cinéma de l’autre. Elle explore les rapports entre le peintre de renom et le réalisateur qui a posé pour son père mais ne l’a cependant jamais filmé : portraits croisés, influences mutuelles, relations avec le milieu artistique,… Il est clair que le génial peintre a laissé à son fils la création en héritage : Jean, qui avait commencé par s’intéresser à la céramique avant de se tourner vers le cinéma a dit lui-même : « j’ai passé ma vie à tenter de déterminer l’influence de mon père sur moi ».
Parmi les liens troublants entre leurs deux approches artistiques, se trouve ainsi leur rapport à Andrée Heuschling, le modèle d’Auguste dès 1915, que Jean épouse en 1920 et dont il fait Nana -l’héroïne de Zola- au cinéma. Le XIXème siècle est d’ailleurs extrêmement présent dans l’œuvre filmique de Jean Renoir, comme s’il aimait ressusciter et revisiter la réalité dans laquelle son père a vécu et créé. Cela est particulièrement sensible avec la production du Déjeuner sur l’herbe -un thème privilégié des impressionnistes- qu’il tourne en extérieur dans le domaine familial. Si, pour notre plus grand plaisir, l’approche pluridisciplinaire de l’exposition, avec tableaux, extraits de films, photographies, costumes, affiches,... traque les liens entre les œuvres, entre le Bal du Moulin de la Galette d’Auguste et le Déjeuner sur l’Herbe de Jean, entre les Baigneuses de l’un et La Fille de l’eau de l’autre, elle démontre également que Jean Renoir ne s’est pas contenté d’être un nostalgique de l’œuvre paternelle. Il a su se dégager de ses origines et atteindre quelque chose d’universel ouvrant au cinéma moderne.
À quelques pas de là, en traversant la Seine, au Musée du Louvre, se tient une exposition consacrée à une collection privée mythique, la collection Campana. L’incroyable histoire de celle-ci témoigne d’une époque où l’Italie était par tous considérée comme le « pays de l’Art ». En collectionnant plus de dix mille œuvres des Etrusques, des Romains, de la Grande Grèce, des Primitifs, ou de la Renaissance, le marquis Giampietro Campana, directeur du Mont de Piété de Rome vers la moitié du XIXème siècle, rêvait de se construire une sorte de grand musée de l’histoire de l’Art italien. Quand cette collection fut dispersée en 1861, la France de Napoléon III en acquit la plus importante part, dont le célèbre sarcophage étrusque des époux et la Bataille de San Romano de Paolo Ucello. Ceci permet aujourd’hui au Musée du Louvre de nous proposer une somptueuse exposition, documentaire autant que découverte !