Le Musée d’Orsay confronte deux grandes figures de l’Histoire de l’Art Moderne des années 1860-1880, Edouard Manet et Edgar Degas, et réunit plus de cent soixante-dix de leurs peintures et œuvres sur papier. Souvent comparés car ils ont beaucoup en commun, les deux artistes doivent aussi être observés à la lumière de leurs contrastes. Tous deux fils de bonne famille, ils abandonnent leurs études de droit pour suivre leur vocation artistique et fréquentent rapidement les mêmes cercles intellectuels, ont les mêmes amis (le salon des Morisot leur est ouvert et ce sont eux qui encouragent Berthe à se consacrer à la peinture) et peignent les mêmes modèles. Ainsi L’Absinthe de Degas met en scène la comédienne Mlle Andrée et, pour La Prune, Manet représente la même jeune femme en train de boire un alcool ; et alors que le café qui sert de décor aux deux tableaux est probablement La Nouvelle Athènes, l’atmosphère de leurs oeuvres n’est en rien semblable ! Les sujets peuvent être proches, pourtant leur manière ne l’est guère même s’ils ont été, tous les deux, plus ou moins directement liés à l’aventure impressionniste. Réinvention des cadrages et volupté de la touche sont vus ici sous l’angle de leurs ressemblances et de leurs dissonances.
Légende ou réalité, ils se seraient rencontrés au Louvre devant une peinture de Velasquez dont ils entendaient faire la copie et auraient ensuite développé une amitié faite d’admiration réciproque mais également traversée de brouilles et de rivalités. La colère la plus mémorable est celle que ressentit Degas lorsqu’il vit que Manet, dont il avait fait le portrait, nonchalamment vautré sur un canapé en train d’écouter sa femme au piano, avait coupé le tableau verticalement, supprimant la partie de la toile où était représenté sa femme ; Degas emporta le tableau mutilé sans lui dire au revoir et lui renvoya une petite nature morte que Manet lui avait offerte en hommage. Mais il était, parait-il impossible de rester longtemps fâché avec Manet, grand séducteur, et Degas fut le premier à manifester son estime de l’œuvre de son ami-rival à sa mort et à collectionner ses tableaux.
C'est l'exposition phare du printemps et vous aurez plaisir à la compléter par un tour dans l’exposition Pastels que le Musée d’Orsay présente également dans ses murs. Une très vaste exposition que le musée consacre à un choix pris dans ses collections. Vous y retrouverez quelques délicats portraits par Manet et surtout les danseuses et femmes à leur toilette que Degas traite à la fin de sa vie avec une couleur à la fois violente et raffinée. Elles sont d’une modernité inégalée. Entre les deux, pourquoi ne pas faire une pause dans le Restaurant du Musée qui ré-ouvre avec un menu spécial Manet/Degas : asperges, travers de porc au miel et crème brûlée à l’absinthe, des plats clin-d’œil à certains tableaux de l’un ou de l’autre !
À partir de250€
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Saint-Germain-des-Prés
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