Une exposition consacrée à la danseuse russe Olga Khokhlova, la première femme de Picasso.
Le Musée Picasso, sis dans le très bel Hôtel Salé au cœur du Marais, consacre une exposition à la danseuse russe Olga Khokhlova, la première femme de Picasso. Pourquoi s’attacher à un personnage de la vie privée du peintre plutôt qu’à l’une de ses périodes artistiques ou à l’une de ses techniques? Certainement parce que la rencontre avec cette femme correspond de fait à l’abandon des recherches les plus radicales du cubisme des années qui ont précédé la première guerre mondiale, quand le peintre espagnol travaillait de concert avec Braque. Ce dernier est parti au front et Picasso, resté à Paris, cherche une alternative au cubisme. Il fait la connaissance de Cocteau, merveilleux touche-à-tout mondain et artiste, qui est à la fois écrivain, poète, dessinateur au trait pur, et ami de Coco Chanel, entre autres personnalités. Cocteau va entraîner Picasso dans un projet tout nouveau : collaborer aux décors et costumes d’un ballet, Parade, dont il a écrit l’argument et qu’il entend convaincre Diaghilev de monter avec ses Ballets Russes, qui font courir le Tout-Paris depuis 1909. C’est à cette occasion que Picasso rencontre Olga, danseuse étoile de la troupe de Diaghilev, et en tombe amoureux. Dès l’année suivante, en 1918, les voilà mariés et s’installant rue de la Boétie, à deux pas de la Galerie de Paul Rosenberg, le nouveau galeriste de Picasso que le couple a rencontré à Biarritz, durant son voyage de noces (Cf article sur l’exposition « 21 rue la Boétie » qui retrace, au Musée Maillol, la carrière de Paul Rosenberg).
Voici donc Picasso qui vit dans les beaux quartiers de Paris et connaît le succès auprès des collectionneurs. L’artiste, qui vient de voir une grande rétrospective consacrée à Ingres, renoue avec le dessin au goût plutôt classique dont la ligne fine et élégante inaugure un certain « retour à l’ordre ». Olga, son modèle favori à cette époque, est souvent représentée mélancolique, assise, lisant ou écrivant, allusion au fait que la jeune femme, partie de Russie avant la Révolution de 1917, n’y a plus jamais remis les pieds et s’est trouvée coupée de toute sa famille pendant longtemps. Un fils unique naît, Paul, en 1921, dont Picasso réalise de nombreux et touchants portraits en Pierrot ou en Arlequin. De cette période heureuse, le Musée montre d’admirables portraits, d’une douceur inattendue, ainsi que des photos et des petits films amateurs qui nous donnent l’impression de tourner les pages de l’album de famille. Mais dès 1927, Picasso rencontre la jeune Marie-Thérèse Walter et commence à mener une double vie dont Olga souffrira profondément même si le couple, séparé par la suite, ne divorce jamais. Elle s’éteint en 1955 après avoir écrit presque quotidiennement à Pablo.
Nous vous conseillons de ne pas quitter le quartier sans faire un tour dans les rues avoisinantes au musée où les galeries d’art moderne et contemporain sont très nombreuses : entre autres, la galerie Karsten Greve, la galerie Perrotin et la toute dernière installée dans le Passage du Retz, rue Charlot, la galerie Tornabuoni. Au début de la rue Charlot, le Marché des Enfants Rouges, est le dernier endroit à la mode où l’on peut déjeuner sur le pouce ou prendre un apéritif. Goûtez l’atmosphère du Paris branché!