Un ensemble d’œuvres maîtresses réunies par Alicia Koplowitz
Collectionneuse d’exception, Nélie Jacquemart aurait apprécié de voir sa demeure héberger aujourd’hui les œuvres d’une autre collectionneuse passionnée, Alicia Koplowitz. Cette dernière, présidente du Grupo Omega Capital, a réuni, via sa société d’investissement fondée en 1998, un ensemble d’œuvres maîtresses des plus grands artistes de l’histoire de l’art. Anciens et modernes y dialoguent avec justesse et subtilité, pour le plus grand enchantement du visiteur. La totalité de cette collection peut s’apprécier lors d’une promenade dans un jardin de sculptures situé à Madrid, et la sélection qui nous est proposée pour cette exposition est surprenante tant elle révèle le goût sûr et l’exigence de qualité d’Alicia Koplowitz. Les œuvres espagnoles y sont bien sûr nombreuses: très délicates images de la maternité par Morales ou Zurbaràn au XVIème siècle, scène de genre à l’humour grinçant par Goya, puis plus proches de nous, portraits de Picasso, abstractions de Tapiès, et travail passionné de la matière par Barcelo sans oublier les sculptures de Julio Gonzàlez, ami catalan de Picasso.
Mais les portraits féminins s’imposent comme offrant un autre bel axe d’approche dans cet ensemble. Les artistes donnent en effet de la femme, une vision sans cesse renouvelée : Vierge au chapeau de Luis de Morales, dite « Vierge gitane » toute en finesse, Portrait de la Duchesse de Bragance dont Pantoja de la Cruz peint le costume officiel avec une virtuosité vertigineuse, Portrait de la comtesse de Haro peinte avec sensibilité par Goya, Liseuse dont la chevelure rousse est magnifiée par Toulouse Lautrec, silhouette de femme saisie dans sa marche comme une sorte d’éclair bleu par Egon Shiele, femme enfantine de Picasso dans sa période rose côtoyant une odalisque monumentale du même Picasso dans sa période néoclassique, femme fatale de Van Dongen portant fièrement une plume verte à son chapeau, Rousse au pendentif dépeinte par Modigliani. De cette dernière, nous avons tout particulièrement aimé la grâce sensuelle et la mélancolie mystérieuse.
La dernière salle de l’exposition regroupe, quant à elle, une Femme de Venise de Giacometti et une autre sculpture en bronze réalisée par Germaine Richier représentant une douce adolescente ; elles offrent un contrepoint presque intemporel à la Jeune femme au manteau de fourrure peinte par Lucian Freud avec violence et intensité. La passion pour l’art dont fait preuve Alicia Koplowitz trouve son équilibre entre émotion et audace.