Cette exposition est née du constat que le thème du paysage est lié à l’histoire du Louvre-Lens depuis sa conception : celui-ci s’est inscrit dans un paysage difficile, fruit d’une relation industrielle complexe entre l’homme et la nature (le bassin minier du nord). Il a été pensé comme un élément censé transformer son environnement tout en en gardant la mémoire. Dix ans après son ouverture, le musée s’intègre aujourd’hui à un parc paysager de 22 hectares d’une grande beauté et aide à re-garder (dans le sens de voir mais aussi de préserver) la position de l’homme dans son environnement. Pour réaliser cette exposition, Marie Lavandier, commissaire, s’est attachée aux étapes de la fabrique des paysages peints, entre autres, par Nicolas Poussin, Canaletto, Jean-Honoré Fragonard, Hokusai, Hiroshige, Camille Corot, John Martin, Catherine Empis, George Sand, Frederic Church, Jean-François Millet, Claude Monet, Vassily Kandinsky, Georgia O'Keeffe, Nicolas de Staël ou encore Joan Mitchell. Elle vient rappeler que le paysage en peinture s’est structuré sur deux métaphores, celle de la « fenêtre ouverte par laquelle on peut regarder l’histoire » (Alberti, XVe siècle) et celle de la création du monde qui, du point de vue de l’artiste, devient la création d’un monde, le sien. En effet, l’artiste est démiurge, à l’égal de Dieu, et ne donne jamais une représentation vraie de la nature -telle la photographie- mais en donne une vision recréée par lui-même grâce à des motifs qu’il agence (arbre, rochers, ciel et eau…), grâce à différents types de perspective (celle d’Hiroshige, artiste japonais du XIXe est profondément différente de celle de Corot en France au même moment) et grâce à la lumière et aux saisons donnant l’illusion du temps qui passe.
En outre, l’artiste pourra donner une version pure et autonome de la nature ou l’utiliser comme simple décor d’une histoire humaine ou mythologique. L’exposition s’intéresse ainsi au paysage dans la peinture depuis le XVe siècle, époque de la renaissance où cette notion d’artiste, créateur d’un monde personnel, émerge jusqu’au XXe siècle où la nature souvent se réinvente de manière spirituelle, voire abstraite et lyrique. Kandinsky, Georgia O’Keeffe et Joan Mitchell se libèrent alors des règles convenues pour des paysages plus intérieurs ou émotionnels.
Désirant inventer une forme d’exposition adaptée aux métamorphoses de la nature et de la peinture, une splendide scénographie a été conçue par l’artiste Louis Pernot : elle s’ouvre ainsi par un ballet sonore, spatial et visuel qui vous plonge dans des paysages semblant précéder l’apparition des civilisations et forme une introduction extrêmement poétique à votre visite. Toute l’exposition est de fait envisagé par lui comme une expérience immersive et sensorielle proche de la nature et c’est une fort belle réussite. Avant de regagner votre hôtel Esprit de France tout proche, prenez le temps de vous promener dans le parc environnant, prolongement idéal de votre visite sur le thème du paysage et de la nature.
À partir de110€
Face au Musée du Louvre-Lens
Plus d'informations