Art & Culture

Gothiques au Louvre-Lens : Un voyage à travers les siècles

Du XIIᵉ siècle aux univers contemporains, le Louvre-Lens consacre une exposition ambitieuse au gothique, explorant un millénaire de créations et de réinventions. Plus qu’un simple panorama historique, Gothiques propose une traversée sensible et critique d’un imaginaire qui continue de façonner notre regard sur le monde.


© Charles Méryon, La Styrge, 1853, eau-forte, Paris Guernesey, maisons de Victor Hugo , Grand Palais RMN ( Musée du Louvre) - Tony Querrec

Aux origines d'un mot et d'un imaginaire

Peu d’expositions osent aborder le gothique dans toute son amplitude, de sa naissance médiévale à ses réappropriations contemporaines. Le Louvre-Lens s’y attelle avec ambition et interroge un terme polysémique : « Gothique », un terme qui, de la splendeur des cathédrales médiévales aux univers fantastiques contemporains, n’a cessé d’évoluer. Né au XIIᵉ siècle pour désigner le nouvel art de bâtir et de sculpter, il est d’abord synonyme de lumière, de verticalité et de prouesse technique.

Puis, réinvesti à la Renaissance, il devient synonyme de « barbare » avant d’être réhabilité par le romantisme et d’inspirer jusqu’aux contre-cultures d’aujourd’hui.

Un panorama inédit au fil des oeuvres

L’exposition rassemble plus de 250 œuvres, articulées en un parcours qui refuse la simple chronologie. On passe des vitraux flamboyants aux gargouilles inquiétantes, des manuscrits enluminés aux sculptures néogothiques, avant de se confronter aux appropriations modernes : cinéma expressionniste, mode futuriste, culture goth des années 1980.
Ce qui frappe, c’est l’intelligence du dialogue entre les pièces : un vitrail médiéval peut résonner avec une photographie de Brassaï, une gargouille médiévale avec une chimère de Viollet-le-Duc, une enluminure avec une robe d’Iris van Herpen. Le musée met en scène un gothique pluriels, où la continuité ne réside pas seulement dans la forme mais également dans la capacité de l’imaginaire à se réinventer.

La scénographie, signée Mathis Boucher, joue habilement sur les contrastes : l’ombre et la lumière, le monumental et le fragment, le statique des pierres et l’action des images. Loin d’un discours strictement didactique, le parcours privilégie l’expérience : entendre Guillaume de Machaut, voir se projeter Nosferatu... Cette médiation sensible permet d’éviter l’ennui d’un simple catalogue encyclopédique.
Le Louvre-Lens réussit ainsi à donner vie au gothique, à en faire une expérience partagée, sans pour autant en sacrifier le volet historique. Le visiteur est guidé mais aussi laissé libre d’établir ses propres correspondances entre les époques.

© Agathe Pitié, Le sac de Rom par les Goths, 2025 - © Panneau de vitrail, le signe du Tau Benjamin Gavaudo - Centre des monuments nationaux - © Benjamin Lacombe, La Veuve Les contes macabres, 2009, gouache et huile, Galerie Daniel Maghen - © Mélanie Courtinat, Ten Lands, 2020, jeu vidéo 3D réalisé via le moteur Unity ADAGP, Paris, 2025 - © Gustave Fraipont, Incendie de la cathédrale de Reims, 1914, encre et lavis sur papier vélin, Reims, musée des Beaux-Arts GrandPalaisRmn - © Exposition Gothiques - Louvre-Lens, F lovino

©Iris Van Herpen, Robe Cathédrale, Yannis Vlamos

Un art toujours vivant

L’exposition n’est pas une célébration nostalgique du Moyen Âge, mais une réflexion sur la vitalité d’un imaginaire. Le gothique n’est jamais mort : il nourrit aujourd’hui la fantasy, la mode, les jeux vidéo, le cinéma, la musique... Ce constat pourrait sembler attendu, mais ici il prend corps grâce au choix d’œuvres fortes, capables de surprendre autant que d’émouvoir.


Le Louvre-Lens parvient à démontrer que le gothique, loin d’être une relique, demeure une clé de lecture du présent.

Exposition à retrouver au Musée du Louvre-Lens du 24 septembre 2025 au 26 janvier 2026.

Article du 30/09/2025

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